« Pincemin peint : les modulations de la surface par le velouté de la couleur, la volupté de la lumière, la liberté du trait modifient notre perception de la ligne qui donne forme ;s'ouvre alors un espace qui, à la limite entre la forme et la couleur, se dilate en un espace autre ; ni dedans ni dehors, espace qui vibre et résonne dans le silence…
La peinture se rend présente par cette suspension du discours, et par cette incroyable mobilité des signes, par cette mise en tension de la couleur et par ce jeu de l'intensité de la matière, par cette réceptivité de la lumière qui par delà nos silences réciproques, retentit de sa présence physique dans la simultanéité de temps différents, dans la proximité incongrue de cultures diverses, dans le silence quasi absolu de la peinture. »
(Evelyne Artaud, commissaire de l'exposition Pincemin « Foreign Office »
L'artiste peint et grave, il sculpte aussi. Marqué à ses débuts par l'abstraction radicale qui signale les années soixante dix, il va par différentes influences nouvelles marquer sa manière de peindre et sa conception de l'espace, et par des glissements successifs, opérer un retour vers la peinture figurative.
Mais l'artiste est libéré de toute doctrine et ce qui constamment l'anime est un principe d'arrangements et d'improvisations qui découlent de rencontres avec des personnes, des techniques des images et des cultures différentes. Ces rencontres croisées sont mises au service d'un travail sur la couleur pour explorer les « dessous » de la peinture.
Pincemin dit : Qui sait assurer passage et continuité de la couleur dans un tableau, sait peindre.
Cette exposition présente des œuvres réalisées par l'artiste ces cinq dernières années et s'inscrit dans une volonté de l'Espace Ecureuil d'aborder la peinture : cette peinture dont on annonce régulièrement « la mort » et qui à travers ruptures et remises en question fait aujourd'hui un retour en force sur la scène de l'art.
Adolescent rebelle aux contraintes, il préfère l'école buissonnière aux études et emploie ses espaces de liberté pour fréquenter le Louvre où il découvre les maîtres de la peinture. Un peu plus tard, une formation technique l'amènera à travailler comme tourneur dans l'industrie mécanique de précision puis, après quelques autres errances, il s'adonne à la peinture à partir des années soixante.
Actuellement il vit et travaille à Arcueil, dans la proche banlieue parisienne et à Authon-la-Plaine en Ile de France.
"Autodidacte, il organise avec Claude Viallat une exposition à l'Ecole Spéciale d'Architecture à Paris. Les artistes participant à cette exposition seront le noyau du groupe Support/Surface. Remarqué dès ses premières expositions à Paris, Jean Pierre Pincemin ne participera pas au succès de ses camarades ; il s'engagera plutot dans une voie où le classisisme (terme générique) était le but désigné."
(In, Jean Pierre Pincemin - Monkey Bussisness. Editions Comp'Act. 1998)
Jean Pierre Pincemin, qui expose régulièrement depuis 1975, a montré son travail dans de nombreuses galeries et musées en France comme à l'étranger. C'est comme artiste mais aussi comme « ambassadeur de l'art contemporain français » qu'il a ces dernières années effectué maints voyages, mandaté par les ministères des Affaires Etrangères et de la Culture. Dans ses bagages il ramène toujours des souvenirs qu'il réemploie dans ses œuvres, d'où le titre de l'exposition actuelle : Foreign Office.
(Auteur : Josiane Bellan, janvier 2002)