Jean MIOTTE

(né en 1926)

Né presque avec le siècle, de ce fait largement pourvue métamorphoses, la non-figuration n'échappe pas à cette règle. C'est dans ce sens qu'il nous est donné de percevoir l'œuvre de Jean Miotte. Considérée dans sa globalité, la peinture de Miotte est une peinture de pur jaillissement. Vierge de toute métaphore, même si elle souhaite délivrer la vie et non la dépeindre, elle ne représente qu'elle même et vise une abstraction absolue, fondée sur la projection exclusive des états intérieurs. Péremptoire dans ses morsures fécondantes, elle manifeste l'émotion première et la matérialisation par la précipitation expressive de signes brefs, de traces nerveuses et rapides, exhalés par le glissement vibratoire de la brosse, qui fusent dans la juste durée de leur transhumance. Elle surgit donc dans l'instant, tranchante et légitime parce qu'émise au bon endroit, prévoyance mais non préconçue, tendue et châtiée dans son économie volontaire, filée au seuil de la conscience et hissée à son point culminant par le déploiement intuitif de la main qui la commande. "Véritable percussion", elle se constitue simultanément par le mouvement du corps et de la pensée jumelée dans la même respiration dynamique…" Gérard Xuriguera.

Jean Miotte se consacre à la peinture abstraite expressionniste depuis 50 ans : il a su développer un art fait de pureté, de sensualité et d'équilibre esthétique. Les nombreuses relations qu'il a tissées très tôt avec les Etats-Unis (Sam Francis, Rothko, Motherwell, Calder, etc…) ainsi que les rapports étroits qu'il a développés avec le monde de l'écriture confèrent à son œuvre une richesse et une ouverture rares. Dès lors, le geste pictural domine, des traces apparaissent dans un flot de couleurs ou dans les déferlements de noir profond. Le fond de la toile participe à l'œuvre, sans repentir : gestualité et maîtrise formelle se croisent pour rendre toute leur force expressive à la touche, à l'émotion et au hasard. La reconnaissance de Jean Miotte est internationale : premier artiste occidental à exposer en Chine Populaire (au Centre Culturel Français de Pékin, en 1980), après avoir remporté le prix de la Ford Fondation (New-York), en 1961, il est régulièrement montré en Allemagne, en Suisse, en Hollande. L'artiste travaille dans le Var depuis 1966 : il y a créé en 1997 un centre d'art Contemporain à Pignans. Dans ce lieu symbolique sont présentées des expositions d'artistes contemporains (Pol Bury, Rougemont…), ainsi que certaines de ces œuvres gigantesques qui ne pourront être déplacées à Nice compte tenu de leur format exceptionnel.

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