E STORDEUR
Art numérique

Élodie Stordeur utilise l’art numérique comme un moyen de concevoir une peinture en axant sa démarche sur le mélange d’images existantes, de motifs créés et de photographies.
Après avoir travaillé sur toile, elle conçoit ses premières créations abstraites sur ordinateur puis réalise ce qu’elle intitule des « peintures numériques ».

Au Mali, Elodie Stordeur découvre le tissu WAX et prend conscience des notions de motifs et de décoratifs dans l’art textile, moderne et contemporain. Les motifs figuratifs des pagnes lui évoquent les dessins des livres de coloriage pour enfants.
Sa sensibilité va la conduire à puiser des éléments d’une autre culture pour les réinvestir dans un travail pictural par un jeu de transformation des motifs, de traitement des couleurs.

Ses peintures numériques élaborées par strate synthétisent plusieurs images en une : chaque image fait l’objet d’un traitement singulier avant d’être ancrée les unes dans les autres pour résulter à une image plurielle.
Construite sous forme de diptyque à laquelle s’ajoute un travail graphique, sa peinture numérique prend alors vie et met en exergue le métissage culturel.
Aujourd’hui, Elodie Stordeur développe en parallèle un travail de recherche sur le pattern. Elle crée un foisonnement visuel en harmonisant formes et couleurs. Ce travail permet de nouvelles ouvertures et de nouveaux supports d’impression.

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Expositions
Interview

Élodie Stordeur, en aparté pour La Mals

La Mals : Elodie Stordeur, est-ce que le fait d’utiliser l’informatique comme moyen d’expression ainsi que les motifs inspirés des livres de coloriages pour enfants est dû à une volonté de toucher l’imagerie collective et ainsi désacraliser l’art contemporain ?

Élodie Stordeur
: l’idée d’utiliser des motifs de livres de coloriages pour enfants m’est venue suite à un voyage au Mali en 2006. J’avais remarqué sur les pagnes que portent les femmes des motifs figuratifs qui m’ont immédiatement fait penser aux motifs de coloriage, notamment je me souviens, un parapluie, une paire de ciseaux… J’avais donc fait un listing de motifs sur place et de retour en France, j’ai cherché ces images puis d’autres se sont ajoutées. Je ne m’intéresse qu’aux images épurées, avec un minimum de détails. Je trouve une certaine douceur à ces formes arrondies.
En recyclant ces motifs ludiques, je touche une diversité de population. Dès le plus jeune âge, le motif coloriage est utilisé comme langage visuel mondial servant à l’apprentissage. Ces formes deviennent alors des images « quotidiennes » connues de tous.
L’hybridation entre les constituants d’une image et les pratiques artistiques ne désacralisent pas pour autant l’Art Contemporain mais donne un autre statut, une nouvelle identité à une image ayant été créée à la base comme moyen d’expression plastique et visuelle.
Aujourd’hui, l’informatique est un langage mondial et son utilisation à des fins artistiques se développe très largement.

La Mals
: comment êtes-vous venue à l’utilisation de l’informatique comme moyen d’expression et est-ce que le contact avec un médium classique comme l’huile ou l’acrylique ne vous manque pas lors du processus de création ?

Élodie Stordeur
: C’est après avoir travaillé sur toile pendant une période de recherche sur la composition, les couleurs, les matériaux que je suis passée à la réalisation sur informatique. J’ai développé une démarche picturale expérimentale basée sur l’utilisation du scotch dans la notion de réserve, de non-peint et je souhaitais me défaire de ce processus devenu rituel. L’utilisation de l’outil numérique a donc été une évolution logique de ce travail pictural.
Il est vrai que le médium classique n’existe pas dans mes toiles ; cependant le processus de création reste le même. Je m’interroge sur l’organisation de la toile, ses différents espaces, ses effets, sa dynamique… Le numérique propose des moyens techniques qui s’inscrivent parfaitement dans la continuité des pratiques traditionnelles tout en leur ajoutant de nouvelles possibilités, ainsi j’utilise une tablette graphique afin d’être au plus proche de ma création. Les outils comme la palette graphique, les filtres, les nuanciers de couleurs me permettent de construire, d’appréhender la peinture numérique comme une toile.
Comme en peinture, les couches se superposent mais la facture traditionnelle disparaît au profit d’une surface lisse. Il est évident que l’apparition de la machine dans la création remet en question le rapport à l’acte pictural.
Aujourd’hui, je développe particulièrement l’Art numérique dans mon travail. Cependant la peinture traditionnelle est toujours présente.

La Mals
: vous nous faites l’honneur de présenter 24 œuvres dans nos salles d’expositions, dont un travail autour du pattern avec des impressions sur plexiglas, pouvez-vous nous expliquer cette nouvelle résultante dans votre travail et également votre choix de présenter une partie de vos œuvres sous forme de diptyques.

Élodie Stordeur
: les peintures numériques imprimées sur bâche ont dès le début été construites sous la forme de diptyques ou plus précisément sur une construction bipartite de la toile. Cette méthode de travail est systématique dès les prémices d’une nouvelle toile, c'est-à-dire que le motif de coloriage est immédiatement dédoublé et présenté dans l’idée d’une symétrie.
Le motif est dupliqué de telle façon à ce qu’il soit travaillé individuellement. Il résulte alors une différence dans le traitement des parties et dès lors un dialogue s’instaure entre elles.
Cependant, la toile est également construite dans un ensemble d’où l’intérêt d’une lecture globale et structurée.
L’exposition présentée à La Mals propose un tout nouveau travail autour du pattern dont la conception par informatique reste dans la lignée des impressions numériques sur bâche. J’ai souhaité utiliser un élément récurrent, le motif de coloriage. L’idée est de créer un motif graphique en harmonisant formes et couleurs et en jouant sur la répétition du motif coloriage. Imprimé sur plexiglas, le motif joue avec la transparence du matériau. Ce travail a été conçu selon deux alternatives : soit en existant seul, le motif graphique exposé à part entière, comme présenté ici à La Mals, soit en démultipliant et assemblant les mêmes motifs graphiques entre eux dans l’idée de créer une continuité dans les éléments. L’image résultante est alors imprimée sur différents supports : tissu, papier...
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